Mardi 22 mars 2022. Complices en recherche

Hier j’ai participé à la réunion de lancement de l’Observatoire des discriminations à Stains ; le projet est de contribuer, par la recherche, à faire émerger une parole populaire à propos des discriminations vécues par les habitant·es. J’y suis associé à l’invitation d’Alain Bertho, un collègue que j’estime, vivant à Saint-Denis, professeur émérite d’anthropologie. Le projet m’enthousiasme. La municipalité avait annoncé la soirée en ces termes : « l’Observatoire des discriminations a pour mission première de dresser un état des lieux sur la ville. Il s’agit de mesurer les types de discriminations subies, mais aussi le ressenti et les souhaits des habitant·es pour agir sur ces sujets. Sur la base des études portées par l’Observatoire, la Ville, en partenariat avec les habitant·es, définira précisément ses priorités et développera ses actions de lutte contre les discriminations ». La ville de Stains est limitrophe du campus de l’université Paris 8. Depuis quelques années, je reste attentif aux actions conduites par cette municipalité, à majorité communiste. J’avais relevé que son maire a déposé, en janvier 2020, un recours contre l’État pour rupture d’égalité afin d’obtenir un traitement digne et égalitaire des habitant·es de Stains et des quartiers populaires. La ville ne se situe pas dans l’immédiate périphérie de Paris, et elle n’est pas desservie par le métro, même si la station « Saint-Denis Université », par la ligne 13, est toute proche. Elle fait partie de ces villes de banlieue facilement « oubliées », à la différence peut-être de Saint-Denis ou de Montreuil, par exemple, qui attirent l’attention du fait de leur proximité de Paris et de leur histoire culturelle et politique. Stains m’intéresse pour son caractère de ville populaire, une ville « de peu » ; et ce dernier qualificatif, sous ma plume, n’est aucunement disqualifiant. Je continue, pareillement, à suivre l’actualité politique de la ville de Gennevilliers, elle aussi à direction communiste, car je devais y intervenir pour un projet de recherche-action-formation avec des professionnel·les intervenant en quartier. La démarche avait été validée et budgétée par la ville… et la Covid a tout interrompu. Je garde l’œil sur ces villes du Nord de Paris qui restent fermement ancrées à gauche et revendiquent leur caractère de villes populaires. Plus récemment, Ivry est elle aussi entrée dans mon horizon politique et sociologique grâce à Axel Taupin qui s’est inscrit en thèse avec moi ; il y dirige un centre social et y fait recherche dans une filiation d’éducation populaire politique [1]. Trois villes populaires dirigées par la gauche, mais aux dynamiques possiblement différentes. Cela aiguise ma curiosité. La ville de Stains retenait donc mon intérêt déjà depuis quelques temps, et je me réjouis de commencer à y travailler.

Sur fond de plaisir politique et intellectuel, je déplie la scène que j’ai vécue lors de cette soirée inaugurale :

– La rencontre se tient dans l’auditorium de la médiathèque. À la tribune, ont pris place cinq élu·es et cinq « personnalités » (chercheur·es et avocat), faisant face à une assemblée nombreuse composée de personnes concernées, certainement pour beaucoup des militant·es associatif·ves de la ville, et toutes personnes racisées. 1er (dé)pli.

– 2e (dé)pli. Les cinq élu·es de la ville sont tous et toutes des personnes racisées. Les chargé·es de mission en portage de l’Observatoire sont eux et elles aussi des personnes racisées. Par contre, les quatre chercheur·es appartiennent (classiquement) à la petite bourgeoisie universitaire blanche.

– 3e (dé)pli. Alain et moi vivons à Saint-Denis, en quartier populaire dans la banlieue nord de Paris, depuis très longtemps pour Alain, depuis maintenant plusieurs années pour moi. Cette expérience habite nos propos lorsque nous prenons la parole ; elle se fait sentir par une certaine qualité expressive de nos analyses et, sans doute aussi, par la force expérientielle des constats que nous avançons. Alain Bertho « fait différence » par rapport à d’autres collègues, dont les travaux, par ailleurs, peuvent être de qualité, car cette intimité vécue avec ces territoires transparaît (transpire) dans les mots qui forgent son discours ; et cela tient évidemment à son attachement personnel à ces villes populaires et au fait qu’elles font histoire pour lui, dans sa vie, mais aussi dans sa carrière universitaire. Il s’agit de la différence que j’établis entre « y être » (je pense là à des collègues qui peuvent être en recherche en quartiers, « y être » de manière pertinente, mais le temps nécessaire pour faire un « terrain », pour mener une enquête) et « en être ». Pour ma part, « j’en suis » avec évidemment cette réserve que je ne prétends pas partager la condition de mes voisin·es de Saint-Denis – le laisser penser serait malvenu – mais, pour partie, partiellement, j’en partage l’expérience. Mes années de vie en bordure de la cité Péri, dans un immeuble accueillant exclusivement des familles racisées, et très modestes, et, dans quelques appartements sur-occupés, des hommes noirs installés pour quelques semaines, ont grandement affecté ma trajectoire de vie. Je n’écrirai jamais qu’il faut vivre ou avoir vécu en quartiers populaires (en cité) pour y faire recherche. Je ne suis doctrinaire en rien et je me méfie de ce type d’injonction. Par contre, le fait d’y vivre a transformé profondément le chercheur que je suis. Et, d’évidence, lorsque je fais recherche en quartier, quelque chose de l’habitant de ces quartiers que je suis « aussi » vient habiter et équiper mon travail.

– 4e (dé)pli. Avec Alain Bertho, nous n’engageons pas notre parole tout à fait de la même façon. Alain est une personnalité connue et reconnue en Seine-Saint-Denis, en raison de son militantisme et de ses responsabilités universitaires (il a dirigé la Maison des sciences de l’homme Paris Nord domiciliée à la Plaine Saint-Denis). Lors de la soirée, il a retrouvé plusieurs personnes qu’il connaît, dont d’anciens étudiants. Je ne sais pas comment, personnellement, il caractérise sa position ; je la définirais comme celle d’un intellectuel engagé. Ce que, personnellement, je ne suis pas, ayant fait le choix très tôt dans ma carrière de refuser toute vie publique, indépendamment des obligations inhérentes à l’exercice de mon métier, comme la participation à des colloques ou journées d’étude. Le métier d’universitaire est, de ce point de vue, à « structure publique », par nécessité ; mais ma parole ne se publicise pas au-delà. Je ne signe jamais de tribunes dans la presse, j’évite soigneusement tout entretien avec un·e journaliste et je me tiens à distance de ce que je nomme « le monde intello-critique parisien ». Je me considère aujourd’hui comme un praticien de la recherche-action et c’est en tant que praticien que j’engage désormais mon activité en quartier populaire. C’est bien ma pratique que j’engage, mon « faire recherche », et non une parole [2]. Cette dernière, je la pense essentiellement impliquée, à savoir affectée par les situations que je rencontre et que je traverse. Lorsque je m’exprime, je n’engage pas de position mais j’implique ma pratique ; j’essaie le plus possible de parler à partir de situations de recherche éprouvées, du point de vue de ces situations, du lieu de ma pratique. Mon implication « supporte » mon propos.

Nous étions donc quatre chercheur·es blanc·hes au sein d’une assemblée exclusivement composée de personnes racisées, noires et arabes. Le constat est sans surprise, il est sans appel. L’université est une institution structurellement discriminatoire sur un plan classiste et ethnoracial. Le monde universitaire constitue un milieu très homogène, constitué d’une petite bourgeoisie blanche. Un groupe social se réserve donc cet équipement démocratique majeur qu’est le « faire recherche » ; il en fait son privilège, un privilège blanc, un privilège de couche moyenne supérieure. C’est grandement dommageable sur un plan démocratique et c’est hautement préjudiciable pour la pertinence d’une science sociale. Dans le cadre de mon épistémopolitique, je considère qu’une science sociale est tenue, dans la constitution des équipes et l’organisation du métier, d’éprouver la multiplicité des conditions et des expériences sociales, des conditions de classe, de genre, de race, de qualification / disqualification, de résidence et d’habitat… De se mettre à l’épreuve de cette pluralité. La science sociale dominante, à savoir celle institutionnalisée à l’université, du point de vue de la réalité sociale de ses équipes et laboratoires, se rapporte à une expérience de classe et de race bien trop étroite, bien trop exclusive. Cet entre-soi particulièrement resserré s’accompagne inévitablement d’une cécité épistémique. La recherche laisse alors beaucoup trop d’angles morts. Elle ne « voit » pas certaines questions. Elle oublie, méconnaît, sous-estime.

J’estime que, pour pouvoir accéder à la diversité des conditions sociales, une pratique de recherche doit, elle aussi, être traversée par ces expériences, éprouvée par elles, mise au défi par la spécificité des questions que chacune de ces expériences lui adresse. La science sociale doit donc s’appuyer sur une composition sociale (en termes de genre, de classe et de race) de ses équipes, de ses projets et de ses laboratoires beaucoup plus en phase avec la société, mieux en prise avec la multiplicité des réalités de vie et en rapport plus familier avec la diversité des communautés d’expérience. Cette exigence fait nécessité, pour faire pertinence. C’est à ce prix qu’une science sociale parvient à fiabiliser ses énoncés, à hausser sa capacité à accéder aux réalités et à renforcer son aptitude à les décrire, les caractériser et les interpréter. Sur le plan des expériences de sexualité et de genre, et des communautés qui leur sont associées, les épistémologies féministes ont amplement argumenté et prouvé qu’une science sociale sous hégémonie masculine et hétérosexuelle s’avérait parfaitement incapable de faire recherche à propos de nombre de réalités vécues, pourtant majeures. Sa constitution « à l’étroit », fondée en l’occurrence sur un privilège de genre, l’incapacitait et réduisait grandement sa pertinence et la fiabilité des connaissances produites. À l’inverse, comme l’écrit Maria Puig de la Bellacasa, « l’émergence dans le féminisme des positions « en tant que femmes » a mis en cause les savoirs établis, promouvant des visions nouvelles ou encore (re)valorisant du savoir dans l’expérience des femmes. C’est par cette entrée que la « position » sociale et historique à partir de laquelle se construisent les savoirs est venue à être pensée, questionnant la possibilité même d’un savoir neutre ou désintéressé. Se situer « en tant que femmes » a été le « germe », ou plutôt un cas spécifique, d’une vision plus générique de ce que signifie construire des savoirs positionnés » [3]. Une pratique de recherche « en tant que femmes » ouvre des questions à nombre d’endroits où elles paraissaient de ne pas exister et (re)met en problème des réalités jamais interrogées. Derrière l’idée de savoirs positionnés, l’autrice introduit deux mouvements, un mouvement de « localisation » et un mouvement de « vision » [4]. Cette idée renvoie donc, à mes yeux, à la fois à la nécessité d’un ancrage et d’un éprouvé (c’est bien du point de vue de cette expérience que je fais recherche) et à la nécessité d’une perspective (c’est bien dans cette ligne de visée que je fais recherche, de l’ordre d’un possible qui s’entrouvre, d’enjeux qui émergent et de questions qui prennent forme).

Quand je souligne la position/vision trop restrictive et trop étroite de la recherche, dès lors qu’elle est installée comme quasi monopole d’une couche moyenne supérieure en réussite scolaire, j’évoque bien sûr la science sociale établie, celle qui est institutionnalisée à l’université. Une autre réalité des sciences sociales et humaines existe, plus diffuse, moins lisible / visible car échappant au modèle dominant ; et ces autres « mondes de la recherche », eux, sont largement plus diversifiés dans leur expérience de classe, de genre et de race, par exemple au sein des occupations type ZAD ou friche, dans certains segments du travail social et de l’éducation populaire qui ne se laissent pas vassaliser par les injonctions de la politique publique ou, encore, en lien avec des communautés d’expérience, par exemple des communautés « trans » ou afrodescendantes. D’authentiques « mondes de la recherche » émergent dans ces « ailleurs » de la société, à savoir des « lieux » en rupture plus ou moins radicalisée avec les fonctionnements dominants, dans un rapport micro-politique, renégocié fréquemment, de proximité / éloignement avec l’université. Ces « autres » mondes de la recherche en sciences sociales et humaines se développent sous de fortes contraintes de précarité. Cette existence démultipliée de la pratique de recherche – par choix afin de pouvoir « penser » hors des cadres académiques et disciplinaires, et par nécessité en raison du nombre très faible d’emplois proposés par l’université – pose un défi politique aux chercheur·es statutaires. Est-ce que la rupture sera consommée entre ces mondes ? Ou, au contraire, est-ce qu’un « commun » peut être pensé et réalisé, à condition bien sûr qu’il le soit à partir de rapports égalitaires, d’une légitimité partagée et d’échanges en réciprocité. Dès lors, c’est une réinvention de l’université qu’il faut tenter. J’en vis les prémisses avec des tentatives dans lesquelles je suis fortement impliqué : depuis dix ans avec l’expérience des Fabriques de sociologie, depuis 4 ans avec la revue Agencements, mais aussi avec mon séminaire « dit » doctoral qui se tient à l’intersection de l’université, de l’art, du travail social, du militantisme associatif, de l’engagement autonome…

Néanmoins, le plus souvent, lorsque nous sommes au travail en quartiers populaires, notre collégialité de recherche reste fortement « typée » petite bourgeoisie blanche. Je ne peux pas attendre l’avènement de certaines transformations structurelles, comme celles que je viens d’évoquer, d’autant qu’elles sont politiquement très hypothétiques. Il me faut agir dans le moment contemporain. Le choix de la coopération m’apparaît comme la meilleure réponse micro-politique pour faire face à la nécessité, à l’impératif, d’un « faire recherche » associant des personnes aux trajectoires, aux conditions et aux expériences suffisamment diverses, et surtout en réelle affinité avec ce que vivent les personnes directement concernées, en l’occurrence les habitant·es de quartiers populaires. Il n’est pas concevable de faire recherche-action dans les mondes populaires en préservant son entre-soi « couches moyennes supérieures » ; c’est une position qui n’est pas tenable, car elle introduit une distance préjudiciable et car elle provoque – et c’est compréhensible – de l’incompréhension et possiblement de la défiance. Comment envisager un « faire recherche en quartiers » qui n’intégrerait pas, substantiellement, une position/vision inhérente aux expériences vécues en ces lieux ? Cette recherche ancrée dans un éprouvé et inscrite dans une perspective de transformation ne peut advenir avec les seules ressources accréditées de l’université. Ce à quoi il n’est pas possible d’accéder à partir de l’institution sciences sociales (à la composition sociale restrictive), il faut le chercher ailleurs, dans un autre construit de la recherche. Il est réaliste de l’envisager grâce à l’ouverture, à la fécondité et à la pluralité permises par la coopération. Car elle fait advenir au sein de la collégialité de recherche des sujets autrement positionné·es et situé·es, éprouvant d’autres positions/visions. C’est la raison pour laquelle je défends, lors de nos recherches-actions / recherches-créations en quartier populaires, l’instauration de collectifs de recherche élargis, qui intègrent en tant que sujets de (la) recherche, en pleine légitimité, des habitant·es et des professionnel·les directement concerné·es, contribuant ainsi à ce que la recherche cesse de se positionner exclusivement à partir d’un unique point d’ancrage et de vue, celui d’une petite bourgeoisie blanche en réussite scolaire. La coopération permet l’émergence d’autres positions/visions au cœur de la dynamique de recherche, en l’occurrence, celles habitées et éprouvées par des personnes souvent doublement discriminées, dans le cadre des rapports inégalitaires de classe et de race.

Si je reviens à la soirée que j’ai vécue à Stains, je peux dire que, dans ce genre de situation, je me sens plutôt à l’aise. Je crois pour deux raisons. D’une part, classiquement, un habitus a pris forme (et corps) pour moi, à force de travailler en quartier, et d’y vivre. D’autre part car, politiquement, je me vis comme un complice (et certainement pas comme un intellectuel engagé) ou, mieux, dans une formulation plus juste, je pratique (ma recherche) en complicité. J’ai un peu mieux éduqué un (mon) devenir-complice à la lecture de Rachele Borghi lorsque, dans son livre [5], elle dialogue avec le texte « Des complices pas des alliés des luttes d’émancipation » [6]. Le complice est celui qui se risque, celui qui se met effectivement au travail contre les inégalités et dominations à l’endroit même de ses privilèges, à l’endroit même de ses pouvoirs et légitimités. Et c’est de cet endroit, et à cet endroit, voire avec cet endroit (sa position institutionnelle) qu’il agit, et qu’il le fait directement, frontalement. Pour ma part, en quartiers populaires, c’est en tant que chercheur que je deviens complice car c’est de l’endroit même de mon « autorité » et de mon « accréditation » que je tente de déjouer, sur un plan micro(épistémo)politique, certaines dominations, donc de l’endroit où ma pratique fait violence à d’autres, de l’endroit où l’exercice de mon métier renvoie les autres à leurs conditions de subalternes, de décrocheurs et décrocheuses de l’école, de disqualifié·es, de l’endroit où ma parole fait taire celles d’autres, de l’endroit où ma prise d’écriture empêche l’émergence d’autre textes et d’autres inscriptions de sens. « Disposer d’un pouvoir ne suppose pas nécessairement de l’exercer. Celui-ci peut également servir à renverser le pouvoir. Pour moi, ce sont là des exercices de décolonialité du privilège. Quand tu possèdes un privilège, tu peux décider de le retourner : le mobiliser comme outil de résistance et de subversion à l’intérieur du système dominant. Travailler sur ses privilèges et le pouvoir qu’ils nous confèrent, c’est être conscient·e que « les outils du Maître ne détruiront jamais la maison du Maître » [Audre Lorde], mais également que si tu parviens à accéder à sa caisse à outils, tu peux les lui jeter au visage. Conditions nécessaires : prendre des risques, expliciter d’où tu parles, comprendre où tu te situes et parler de toi » [7].

Collectif de recherche élargi, coopération, complicité, je pose des jalons épistémopolitiques pour avancer vers un « commun de la recherche », en abandonnant radicalement toute idée d’universalité et de neutralité, et en tentant de transversaliser, de mettre à l’épreuve réciproquement (dans une relation égalitaire) [8], d’intersectionnaliser plusieurs positions/visions inhérentes à la pratique de recherche, constitutives de cette pratique, qui se rencontrent autour d’un même intéressement et d’un même concernement pour les quartiers populaires, se formuleraient-ils de manières différentes, en tension et, possiblement, parfois, sur des modes controversées. Nos collégialités de recherche-action associent donc aujourd’hui les chercheur·es accrédité·es que nous sommes (des personnes appartenant aux couches supérieures scolarisées mais concernées par les enjeux de ces territoires) et des chercheur·es coopératrices et coopérateurs vivant et/ou travaillant en quartier et, pour cette raison, investissant et éprouvant d’autres positions/visions. L’enjeu majeur est donc bien de réussir, au sein de ces collégialités composites, à transversaliser nos différents « faire recherche ».

Pascal NICOLAS-LE STRAT, mars 2022

[1] Axel TAUPIN a publié son projet de recherche doctorale « La démarche d’éducation populaire dans les luttes sociales : entre résistance, création et fabrique, l’utopie d’Ivry-sur-Seine », dans le numéro 7 de la revue Agencements. Recherches et pratiques sociales en expérimentation, 2022, p. 44 à 73.

[2] C’est pour cette raison que mon livre publié par les Éditions du commun est titré Quand la sociologie entre dans l’action, et non « Quand le sociologue entre dans l’action ». J’engage ma pratique et non une parole (un avis, un commentaire, une revendication, un manifeste, une déclaration).

[3] Maria PUIG de la BELLACASA, Politiques féministes et construction des savoirs (« Pensez nous devons » !), L’Harmattan, 2012, p. 53.

[4] Idem, p. 171. L’autrice recours à la notion de position/vision.

[5] Rachele BORGHI, Décolonialité & privilèges (Devenir complice), éd. Daronnes, 2020.

[6] En ligne : Des complices, pas des alliés des luttes d’émancipation – www.education-populaire.fr/.

[7] Rachele BORGHI, p. 26-27.

[8] Ce motif d’une « mise à l’épreuve réciproque » est central dans les thèses épistémopolitiques que j’ai développées dans mon ouvrage Quand la sociologie entre dans l’action, op. cit.